À propos de Shifra Sluchin

Musicienne accomplie, Shifra Lipsky-Sluchin a étudié le violon et l’alto à l’Académie de Musique Rubin, à l’Université de Tel Aviv où elle a obtenu Licence et Maîtrise artistique (artiste Diplôme) avec mention, tout en passant en même temps une Licence de littérature comparée suivie d’une thèse de doctorat portant sur le conseil thérapeutique.

 

Son talent a été reconnu par de nombreux orchestres, parmi lesquels l’Israel Chamber Ensemble (dir. G. Bertini), le prestigieux orchestre philharmonique d’Israel (dir. Z. Mehta), sans oublier le célèbre “Orchestre de Paris” (dir. D. Barenboim). Passionnée par la musique de chambre et par l’enseignement, Shifra a quitté l’orchestre pour fonder un quatuor à cordes à Paris et développer sa propre approche pédagogique. Shifra est actuellement professeur de violon, d’alto et de musique de chambre à Paris. Elle est aussi, en parallèle, la Directrice musicale d’EMuNa (Education, Musique, Nature) qui a pour objectif de jeter des ponts entre les cultures, les artistes, les styles de musique, et même entre les spectateurs et les musiciens. Ses présentations sont réputées pour leur originalité et leur dynamisme.

 

Rencontre avec une femme d’exception

 

1985 est l’année de la rencontre décisive entre Shifra et une autre musicienne, Noa Blass. Cet exceptionnel “Coup du destin” marqua le début d’une amitié à la fois profonde et intense – mais aussi d’un partenariat, d’un partage et d’une conduite spirituelle. Shifra fut captivée par la personnalité lumineuse et exubérante de Noa. Elle participa dès lors à la plupart des séminaires de Noa en Israel, en France et au Canada.

 

Noa tenait chaque mois des ateliers intensifs à la “Cité Universitaire” de Paris. Shifra, au départ simple traductrice, évolua lentement jusqu’à devenir l’élève et la disciple de Noa, reprenant même le flambeau de son enseignement, d’abord sous son égide puis après son décès en 2008.

 

C’est Shifra qui dirige aujourd’hui les groupes que Noa avait réunis à Paris il y a quelques années, ainsi que de nouveaux groupes. Elle organise aussi des ateliers dans le studio de Noa à Tel Aviv, ainsi que nombre de séminaires intensifs de 8 jours (durant des sessions destinées aux musiciens) (au magnifique Château de Val Richer, en Normandie, et au Château de Ligure à Limoges), à l’hôpital psychiatrique de La Chesnaie dans la vallée de la Loire, et partout où ses activités suscitent de l’intérêt.

 

Enseigner la musique

 

La richesse des connaissances de Shifra dans le domaine de la psychologie, associée à son expérience de la pédagogie musicale l’ont amenée à rechercher une approche holistique de l’étude et de la pratique du violon. Dans ce cadre, elle s’est trouvée en contact avec beaucoup d’élèves qui constituaient autant de défis psychologiques et techniques complexes.

 

Ces études de cas musicaux ont conduit Shifra à développer une sensibilité particulière, afin de détecter et de distinguer la source du problème à travers le contact entre son archet et les cordes ; en d’autres termes, en étudiant la manière dont le musicien produit et crée sa propre sonorité.

 

Pour trouver la solution du problème, Shifra constata qu’attirer l’attention du musicien et la guider vers l’aspect physique du son et de sa production, tout en développant le degré de conscience de l’élève et son écoute attentive pouvait progressivement enrichir sa sensibilité, lui apprendre à faire la liaison avec son moi intérieur et ce faisant, créer et recréer sa propre sonorité interne, réelle, en harmonie avec son potentiel créatif humain.

 

Cette découverte a constitué la base d’une nouvelle approche didactique que Shifra a développée au fil des années, et sur laquelle elle a écrit une thèse. Il s’agit en fait d’une sorte de “Yoga du Son du Violon” qui permettait à l’élève, par le contact entre l’archet et la corde, de se familiariser avec la coordination entre sa respiration et les mouvements de son archet, de se concentrer en profondeur sur la source du son qui surgit de la partie inférieure de son corps, et de pratiquer une écoute active intensive.

 

En exerçant ces techniques, l’élève se connectait plus facilement à son potentiel créatif caché et s’élevait vers un nouveau niveau de conscience. En termes concrets, sa sonorité se libérait, s’embellissait, acquérait plus de présence et de brio ; le son devenait plus riche, plus nuancé, avec plus de couleurs possibles ; il jouissait réellement d’une meilleure harmonie avec le corps de l’élève.

 

Shifra a progressivement abandonné cet enseignement purement technique, axé sur la compétition classique, au profit d’une pédagogie plus spiritualiste et d’une approche “interdisciplinaire », selon laquelle “tous les chemins mènent à Rome”…